S’il y a bien un monument au Havre qui est remarquable, c’est bien celui-ci !
De loin, beaucoup se demandent ce que c’est, et souvent, c’est assez rigolo, les gens pensent à tout sauf à une église. Les réactions sont souvent diverses. Pour avoir eu l’occasion de discuter avec de nombreux touristes sur le sujet, les avis sont vraiment partagés, mais souvent tranchés. Enchantement ou rejet total, rarement un compromis.
Approchons nous, pour voir.
Oeuvre d’Auguste Perret intégralement construite en béton, l’église Saint Joseph culmine à 110 mètres de haut (bon, allez, 107), ce qui en fait le bâtiment le plus haut du Havre. Autant vous dire que l’on se sent tout petit, en bas. Elle fut construite, tel un mémorial en hommage de toutes les victimes de la Seconde Guerre mondiale. Elle est également vue de loin par les marins, comme un phare. Construite au même endroit que l’ancienne église portant le même nom, l’église Saint Joseph achève la carrière de l’architecte. D’ailleurs, Perret ne la verra jamais terminée (le clocher a été achevé par son atelier). Il aura fallu 6 ans pour en venir à bout (1951-1957).
Très sobre et symétrique, on est bien loin des églises que l’on a l’habitude de croiser au détour des villes. Et je crois que c’est ça qui me plaît : l’originalité, sans pour autant tomber dans le farfelu.
Malgré le béton, j’ai envie de vous poser cette question : voyez-vous du gris, très sincèrement ?
Là est le génie de Perret, son travail du béton. Pour lui, ce matériau était tout aussi noble que le marbre. Bien qu’il soit essentiel pour lui de laisser apparente la structure porteuse (qu’on voit bien sur la photo ci-dessus), il travaille le béton de sorte qu’une dynamique soit présente. Puis avouons-le, c’est esthétique.
Regardons d’encore plus près :
Voilà la façon dont est travaillé le béton. Si tout est brut de décoffrage, le béton mêlé aux gravillons a été bouchardé par endroits, lavé à d’autres. Au crépuscule, les reflets sont rosés. Autant dire qu’on est loin des blockhaus.
Avec un peu de recul, on peut se rendre compte de plein de petits détails, comme cet escalier permettant l’accès entre la terrasse, et le début de la tour.
L’intérieur est encore plus fascinant. On en prend plein la vue !
Chacun des quatre côtés de l’église, orientés vers les quatre points cardinaux sont dotés de vitraux, signés Marguerite Huré, aux couleurs variées. Dès lors, l’éclairage de l’église varie selon la course du soleil dans le ciel et favorise un regard nouveau à chaque visite. A l’est, le vert et le violet dominent tandis qu’à l’ouest, au moment où le soleil décline, le rose et l’orangé s’éveillent. Les tons bleu/violet contrastés de rouge se retrouvent sur le côté nord de la tour, opposés aux tons dorés au sud.
La sobriété des vitraux est efficace et se lie parfaitement avec le béton armé.
J’ai pris ces photos vers 15h45/16h, j’ai donc eu droit aux reflets dorés ! Un très joli rendu sur le béton et sur le sol en ciment 🙂
Pour ne rien faire comme les autres, l’église Saint Joseph possède un plan en croix grecque, et non en croix latine. Le chœur converge donc au centre, et ce sont des sièges comme au cinéma qui permettent de s’installer.
Si la décoration est très très sobre (quelques statues éparses), il est évident qu’on ressent tout de suite une atmosphère religieuse. Pour moi qui suis athée, j’y trouve pourtant mon compte car architecturalement parlant, c’est une pépite inattendue, puis être au calme et ressentir de la sérénité, c’est agréable.
Décidément, s’il y a un bien un monument remarquable au Havre, c’est bien celui-là.
Je ne suis pas particulièrement fan de l’aspect imposant de l’extérieur mais je dois bien avoir que l’intérieur en jette !
Je préfère également l’intérieur, qui regorge de mille choses à regarder 🙂